I Musici: Ginastera d’abord

Jean-Pascal Hamelin, qui dirigeait l’orchestre du spectacle Edgar et ses fantômes, est le chef invité du présent concert double des Musici. Associé à ce succès scénique encore tout récent – 74 représentations, et non 43, comme le donne le programme imprimé -, son nom aurait dû remplir sans problème les 444 sièges de Bourgie. C’est une demi-salle qui l’a accueilli hier soir. Mais il reste ce soir…

M. Hamelin a eu 38 ans hier, précisément. Lorsqu’il est revenu saluer une dernière fois, à la fin du concert, les musiciens l’ont accompagné d’un Happy Birthday joué sans chef et auquel il a répondu en bissant une partie de la dernière pièce.

Le programme est moitié Mozart, moitié espagnol et sud-américain. Aux 15 cordistes permanents s’ajoutent, pour Mozart, deux hautbois et deux cors.

Jean-Pascal Hamelin jouit déjà, comme chef, d’une excellente réputation que ce concert vient confirmer. Il ouvre son programme avec une lecture sobre de la Symphonie K. 201 de Mozart et, déjà, de la part du petit orchestre, une réponse très en place qui le restera jusqu’à la fin.

La pianiste canadienne Katherine Chi est soliste de deux oeuvres. De Mozart encore, elle joue le Concerto K. 449 sagement, sans fausses notes, mais sans imagination. La cadence (au premier mouvement) est celle du compositeur. Elle laisse davantage d’impression, après l’entracte, dans la Rapsodia sinfonica de Turina, pièce un peu superficielle, à effet, et qui lui convient davantage.

Le meilleur moment du concert est finalement le Concerto pour cordes de Ginastera. De toute évidence, c’est ce que chef et musiciens ont le plus travaillé en répétition. L’oeuvre — quatre mouvements totalisant 23 minutes — débute par des solos crispés des premiers-pupitres puis plonge graduellement toutes les cordes dans divers états d’âme : «fantastico», «angoscioso», «furioso», le tout se terminant en mouvement perpétuel.

M. Hamelin et les musiciens traduisirent avec une énergie extraordinaire cette musique qui, manifestement, les inspire au plus haut point. Le plaisir était complet. La petite «fugue sur danse populaire», ajoutée en coda, aurait dû être jouée plus tôt… ou même pas du tout.

Claude Gingras
La Presse, février 2012

I MUSICI DE MONTRÉAL. Chef invité : Jean-Pascal Hamelin. Soliste : Katherine Chi, pianiste. Hier soir, salle Bourgie du Musée des beaux-arts; reprise ce soir, 19 h 30. Dans le cadre de Montréal en Lumière.