Jean-Pascal Hamelin : débuts réussis à l’Orchestre Métropolitain
Jean-Pascal Hamelin, qui s’est fait connaître principalement par sa direction musicale du spectacle à succès Edgar et ses fantômes, dirigeait jeudi soir le premier des trois concerts que l’Orchestre Métropolitain présente cet été au Centre Pierre-Charbonneau. En fait, il faisait ses débuts à l’orchestre que le titulaire Yannick Nézet-Séguin retrouvera jeudi prochain.
L’intitulé du programme, Espagnolades, en disait bien le contenu: musique d’Espagne, musique d’Amérique latine et musique de France à caractère espagnol. Programme beaucoup trop long cependant. À 21 h 45, on y était encore, alors que bien des couples d’un certain âge avaient déjà quitté la place.
Au surplus, les pièces furent exécutées dans un ordre qui ne suivait absolument pas celui qu’indiquait le feuillet remis à l’entrée. M. Hamelin dut annoncer lui-même les pièces au micro; il lui arriva même de les identifier après les avoir dirigées.
Le programme était du genre «concert populaire d’été» et il était normal d’y retrouver des extraits orchestraux et vocaux de Carmen et des «hits» comme la Danse rituelle du feu et Les Filles de Cadix. On y notait aussi une intéressante recherche. Par exemple, l’Intermezzo de l’opéra Goyescas de Granados et la cinquième des Bachianas brasileiras de Villa-Lobos. Mais les quatre pièces chantées de Rodrigo sont d’un ennui mortel et celle de Ginastera fait surtout du tapage.
À la fois élégant, attentif et consciencieux, M. Hamelin apporta le même soin à toutes les pièces, même aux moins bonnes, et le Métropolitain lui répondit partout avec le même empressement et la même qualité de jeu. L’Adagietto de L’Arlésienne de Bizet fut particulièrement émouvant. L’amplification était soignée et ne déformait jamais le son de l’orchestre.
Tour à tour explosive et tragique, la première Suite de Carmen mit les vents de l’OM à contribution et le Villa-Lobos fit bien chanter ses violoncelles. À signaler également: le basson pittoresque de Michel Bettez dans la suite du Tricorne de Falla et le hautbois plein de tristesse de Lise Beauchamp dans la pièce de Piazzolla.
Deux jeunes sopranos de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, toutes deux somptueusement habillées, étaient les solistes. Chez Karine Boucher, j’entends un futur grand «spinto», peut-être même un authentique mezzo. Florie Valiquette (que le présentateur de la soirée rebaptisa «Flore»!) projette un soprano ferme et juste, dont l’aigu était hélas! déformé par les micros. En rappel, les deux chanteuses offrirent la première partie du Duo des fleurs de Lakmé.
La baguette du jeune chef les suivait à la seconde et rétablit plus d’une fois le parfait accord entre voix et orchestre.
Claude Gingras, La Presse, Juillet 2012
ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef invité: Jean-Pascal Hamelin. Solistes: Karine Boucher et Florie Valiquette, sopranos. Jeudi soir, Centre Pierre-Charbonneau. Concerts populaires de Montréal.